Mon ministère m’amène à voir beaucoup de belles choses, de signes de l’action de Dieu. Parmi elles, il m’est déjà arrivé de citer des lettres de confirmands. Avec son accord et celui de sa mère, je vais donner une longue citation de la lettre d’une confirmande (désormais confirmée) genevoise :

« Je suis une personne qui se base vraiment sur des faits et des choses concrètes ; il est parfois difficile de croire aveuglement, ou de mettre toute sa confiance en quelque chose/quelqu’un que je ne peux pas voir et je ne vais pas voir pendant ma vie sur cette Terre. Mais j’admets que rien d’autre n’a autant de sens que Dieu. Les origines de ce monde, les détails et l’homme, tout simplement, donnent l’impression d’avoir été créées avec une idée en tête, très précise. Mais je me critique parfois de penser que croire en Dieu, c’est dû au fait que c’est plus facile de croire en quelque chose car on ne veut pas accepter la possibilité qu’il n’y a rien après, et ce monde est aléatoire. Je vois pleins de croyants, où ça se voit qu’ils croient à cause de la peur de la mort et pas parce qu’ils croient que cette foi est bonne. En tant que personne noire aussi, une minorité, je me juge aussi de croire en Dieu quand la religion a été utilisée comme moyen de torture, colonisation, et esclavage. Pendant l’esclavage, les religieux parlaient des personnes noires comme des produits du diable et de l’enfer et comme des monstres. La religion a été utilisée pour repousser les personnes de couleurs, les pauvres, les homosexuelles, ceux qui ne sont pas aussi chanceux que d’autres. Mais voilà où l’erreur est commise. Tout cela a été fait par des humains, des humains qui ne sont clairement pas dans l’image de Dieu, des personnes qui ne partagent pas l’amour de Dieu et même s’ils se réclament d’être chrétiens, ne le sont pas car leurs actions ne sont pas chrétiennes. L’erreur commise par moi et pleins d’autres personnes, c’est que nous jugeons Dieu, par des choses humaines, des actions humaines. Ce n’est pas Dieu qui est mauvais mais ces personnes qui ont gâché l’image sainte du Christianisme et ont aveuglé ceux qui voulaient et pouvoir rentrer dans la foi. Je m’améliore dans cela, et je réfléchis sur moi-même chaque fois que j’ai ces pensées. Je crois en Dieu et non dans les personnes qui croient en Dieu. »

Mon mot n’est pas très personnel, car il se compose presque uniquement d’une citation. Ce qui est personnel, c’est que j’ai été très frappé de voir une réflexion aussi articulée d’une adolescente. Cela fait partie des nombreux signes d’espérance dont je suis témoin.

+ Charles Morerod OP